Les Antilles françaises hébergent deux espèces d’iguanes, l’iguane des Petites Antilles (Iguana délicatissima) et l’iguane commun (Iguana Iguana). Les données historiques et morphologiques montrent que l’iguane commun est arrivé aux Saintes à partir du milieu du xixe siècle lors d’échanges de bagnards avec la Guyane. Cette espèce a été transportée ensuite volontairement en Basse-Terre à la fin des années 1950 et en Martinique dans les années 1960. Elle a ensuite été introduite à Saint-Martin. L’installation de l’iguane commun a conduit à l’hybridation entre les deux espèces et à l’élimination de l’iguane des Petites Antilles des Saintes et de Grande-Terre. En Basse-Terre, toutes les populations d’I. délicatissima sont maintenant colonisées par l’iguane commun et leurs hybrides. Des iguanes communs échappés de captivité ont envahi Saint-Martin début 2000 et sont arrivés par la suite à Saint-Barthélemy où l’hybridation a démarré. Les deux espèces se différencient l’une de l’autre par plus de 15 caractères dont la plupart n’ont pas été reconnues jusqu’à la présente étude. L’iguane commun présent en Guadeloupe et en Martinique (Iguana Iguana Iguana) se distingue très bien des iguanes d’Amérique centrale (Iguana Iguana rhinolopha) et de ceux des îles de Sainte-Lucie et Saba dont les caractéristiques qui les différencient des iguanes communs continentaux sont indiquées pour la première fois. La morphologie des hybrides est décrite. Ces hybrides sont très divers et montrent clairement que les individus F1 sont fertiles produisant une introgression engendrant progressivement la disparition d’Iguana délicatissima.