La résurrection d'une île des Caraïbes

Redonda est une petite île de l'arc antillais, faisant partie de Antigua et Barbuda. Cette île volcanique aux falaises escarpées est recouverte d'une végétation luxuriante qui abrite de nombreuses espèces parmi lesquelles des lézards ou des geckos qui n'existent nulle part ailleurs.

Halte aux envahisseurs

Il y a encore quelques années la faune et la flore étaient dans un état désastreux. Les habitants d'Antigua-et-Barbuda la considéraient même comme un territoire mourant après avoir été exploité pendant plusieurs décennies pour les ressources en phosphate et en azote qu'elle abritait.  L'exploitation de phosphate a cessé au début du XXe siècle. Depuis, l'île des Caraïbes peu accessible restait inhabitée, ou presque. Les humains ont en effet laissé derrière eux des spécimens des plus dérangeants : des rats voraces et des cabris affamés qui ont drastiquement modifié le paysage de Redonda. En moins d'un siècle, il est passé d'un environnement boisé à un décor lunaire.

En 2016, il y avait tellement peu d'arbres sur le territoire que les chèvres elles-mêmes se mettaient à manquer de nourriture et que le sol était devenu instable. Le gouvernement et des ONG ont mis en place un vaste programme de restauration pour éliminer les cabris et les rats qui ravageaient la biodiversité de Redonda. Quatre ans plus tard, la faune et la flore ont montré un regain exceptionnel. 

Lors du lancement du projet, les populations étaient estimées à plus de 5.000 individus pour les rongeurs (Rattus rattus) et environ 60 individus pour les chèvres (Capra hircus). Si un rongicide a permis d'éradiquer les premiers, la tâche s'est avérée plus délicate pour les secondes.

Deux mois après le début du projet, les volontaires avaient réussi à capturer à peine un animal. Shanna Challenger, coordinatrice du Redonda Restoration Programme se rappelle que les cabris redoublaient d'intelligence. "Ils voyaient nos pièges et sautaient par dessus, même ceux à base de nourriture ne marchaient pas ". Au prix de nombreux efforts, ils ont néanmoins réussi à cerner les chèvres et à les transporter loin de l'île par hélicoptère.

Reprendre vie

Une fois les espèces invasives disparues, en juillet 2018, les responsables du programme entendaient laisser faire la nature quelques temps avant d'entreprendre des actions pour aider la biodiversité. Il n'eut pas eu besoin.

Les résultats sont allés au-delà de leurs attentes. En moins d'un an, la faune et la flore ont explosé ! Les oiseaux terrestres ont vu leur population se multiplier par dix et les colonies d'oiseaux marins ont enregistré leur meilleure année répertoriée jusqu'ici en termes de reproduction. De même, une rare espèce de lézard noir endémique de Redonda (Le dragon terrestre de Redonda) a vu ses effectifs doubler tandis que d'autres reptiles ont triplé.

Côté végétation, des centaines de nouveaux arbres sont apparus sur ce territoire de 1.5 km² qui s'est peu à peu recouvert à nouveau d'un tapis verdoyant. "C'était une chance unique - observer ainsi la renaissance d'une île", a confié Shanna Challenger. "Des changements attendus sur une période de cinq ans se sont produits en quelques mois !".

Outre l'augmentation des effectifs, la disparition des espèces invasives aurait également influé sur le comportement de certaines espèces. D'après des scientifiques de l'université de Harvard et du Muséum national d'histoire naturelle de Paris, certains reptiles seraient ainsi devenus plus féroces et intrépides depuis que les rats sont partis. "Ce nouvel équilibre de la nature est plus conforme à ce que nous pourrions attendre de ces animaux avant que les rats n'arrivent sur l'île". Et il ne s'agit que d'un début d'après l'Environmental Awareness Group qui supervise le programme et continue de surveiller l'île pour s'assurer que les rongeurs ne refassent pas leur apparition.

Des signes d'espoir

Parallèlement, le gouvernement d'Antigua-et-Barbuda a entamé des démarches pour faire classer Redonda en réserve naturelle. La transformation rapide et radicale de l'île pousse les institutions de l'archipel à en faire un sanctuaire.

Pour les initiateurs du programme, ce qui se passe à Redonda est un signe positif. Ils démontrent que les efforts de conservation fonctionnent, en particulier lorsqu'ils se concentrent sur un problème majeur comme les espèces envahissantes. Un fléau qui affecte d'autres écosystèmes à la biodiversité unique et donc précieuse, ce qui est le cas des Petites Antilles et de la Caraîbe toute entière, un des 36 hotspots de biodiversité mondiale.

 

source: Geo.fr - Emeline FERARD

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